Il est à la tête du Groupe Azalaï Hôtels, l’un des plus grands groupes d’hôtel d’Afrique francophone. Et pourtant, son parcours est très peu connu du grand public. C’est pour cette raison qu’Oh My Africa s’est chargé de vous faire découvrir le parcours inspirant de cet entrepreneur africain hors norme. Asseyez-vous donc calmement et laissez-moi vous présenter Mossadeck Bally. Vous allez en baver.
Qui est Mossadeck Bally ?
Né le 27 août 1961 à Niamey au Niger où il a commencé ses études primaires, Mossadeck Bally a poursuivi ses études dans son pays d’origine, le Mali, puis en France où il a obtenu son baccalauréat. C’est ensuite aux États-Unis qu’il a eu son master en gestion de finance à l’Université de San Francisco en Californie. Fils de l’entrepreneur en négoce international Boubacar Bally, il a réussi en une vingtaine d’année à bâtir un groupe hôtelier de grande envergure.
Après ses études, il décida de rentrer dans son pays, le Mali, où, pendant presque une période de dix ans, il a travaillé pour l’entreprise de son père, avec l’aide de son frère. Ils faisaient l’importation des denrées alimentaires comme le riz, qu’ils redistribuaient ensuite en tant que grossistes. Pendant ce parcours, Mossadeck Bally souligne qu’il avait remarqué ceci :« Beaucoup de fournisseurs, se plaignaient souvent de la qualité à désirer des hôtels au Mali ». C’est ainsi que l’idée lui vint d’ouvrir son propre hôtel. Dans un entretien à RFI, il raconte :
« J’estimais que je pouvais être beaucoup plus utile en m’investissant dans une activité industrielle qui crée plus de valeur ajoutée, plus d’emplois. Donc c’était vraiment une envie personnelle, une volonté personnelle d’avoir plus d’impact économique et social et de faire cette rupture avec le métier mon père. »
Les difficultés de financement que rencontrent beaucoup d’entrepreneurs africains le poussent à chercher un financement bancaire. Mais un banquier français va refroidir ses ardeurs en lui crachant à la figure : » Vous les Maliens vous devez vous cantonner à acheter du riz et à distribuer du riz ». Cette humilation ne fit que grandir sa détermination. Il raconte lui même :
« Le fait que ce banquier m’ait dit ‘vous les Maliens vous devez vous cantonner à acheter du riz et à distribuer du riz’, je n’acceptais pas que l’on nous cantonne à des activités peu génératrices de valeurs ajoutées, acheter et vendre. Et j’ai partagé avec mon équipe l’envie de dire, ‘puisque l’on pense que nous ne sommes pas capables d’être des hôteliers comme Hilton et Sheraton, que c’est trop complexe pour nous, et bien nous allons leur montrer que nous pouvons le faire’ ».
Création du groupe Azalaï
Cette idée de création d’une chaîne hôtelière ne sera concrétisée que lorsque l’État malien aura lancé un appel d’offres pour l’acquisition du Grand Hôtel français à Bamako, la capitale du Mali. Avec sa société qui venait de naître (Société Malienne de Promotion Hôtelière: SMPH en 1994), Mossadeck Bally obtiendra le contrat. Ainsi a pu commencer la rénovation en 1994 et l’hôtel n’ouvrira ses portes qu’en 1995.
Le voyage dans le monde de l’hôtellerie ne faisait que commencer pour Mossadeck Bally. A la fin des années 1990, l’Etat malien décida de faire construire un nouvel hôtel à Bamako, juste à côté d’un centre de congrès construit par la Chine. Mossadeck Bally, là encore, a mené à bien le projet tout en contractant un prêt de 4 millions d’euros pour les travaux.
Il faut dire que Mossadeck Bally a été très tôt initié à la prise de risque, comme il raconte dans un entretien accordé à Forbesafrique :
J’ai des parents et amis qui disent que, comme Obélix, je suis tombé tout petit dans la potion magique. C’est vrai que je suis issu d’une famille où le commerce est une tradition ancestrale. J’appartiens à une minorité ethnique arabo-berbère pour qui nomadiser, voyager et prendre des risques fait partie des gènes. Je suis fils et petit-fils de commerçants. Donc, contrairement à une certaine jeunesse d’aujourd’hui qui va dans les pays occidentaux, nous passions les vacances au pays, au Mali, dans des villes comme Tombouctou, Mopti ou Gao. Et après l’école coranique, nous passions du temps dans les boutiques de mon père, qui était négociant dans le textile. Mon goût pour l’entrepreneuriat est venu de là. J’avais un oncle – paix à son âme – qui nous emmenait en tournée, car il fallait aussi faire la promotion de la boutique de mon père dans de petits villages. Nous vendions, nous faisions la recette et nous dormions à la belle étoile.
Au fil des années, Mossadeck Bally a acquis de plus en plus d’expérience et a poursuivi avec l’exploration de nouvelles possibilités, mais cette fois-ci, à l’étranger. Dans tous les cas, le scénario était presque le même : un gouvernement décide de faire un appel à offre et Mossadeck Bally fait tout pour obtenir le contrat. Sa société, qui, en 2004, est devenue le Groupe Azalaï Hotels, fait voyager son savoir-faire tout en poursuivant son expansion au-delà des frontières malienne. En 2005, Mossadeck Bally obtint le réaménagement du plus grand hôtel du Burkina Faso à Ouagadougou. Par la suite, il continua ses projets avec quelques rénovations d’hôtels en 2007 en Guinée-Bissau avec la rénovation du grand Hôtel 24 de Setembro, puis en 2009 au Bénin (Hôtel de la Plage), ensuite en 2016 en Côte d’Ivoire et enfin en Mauritanie. En 2018, son groupe a commencé avec la construction de nouveaux hôtels au Sénégal, en Guinée Conakry et au Niger.
Cependant, tout n’a pas été rose pour Mossadeck Bally. Il faut noter aussi les revers auxquels il a fait face, notamment en 2014 à Ouagadougou où un de ses hôtels a failli être réduit en cendres au moment des troubles politiques. Mais dans l’ensemble l’oeuvre de Mossadeck Bally est grandiose.
Expansion du groupe Azalaï
Fondé au Mali en 1994, le groupe hôtelier Azalaai possède des bureaux dans six pays et compte actuellement une dizaine d’agences, plus de 1 10 chambres et près d’un millier d’employés. En 25 ans, elle a investi plus de 100 milliards de francs CFA et prévoie de doubler sa taille et ses investissements au cours des prochaines années.
Réussir en Afrique est possible
Pour Bally Mossadeck, l’investissement en Afrique peut porter beaucoup de fruit et le seul secret est la patience et si on se réfère à ses propos : « Avec un peu de patience et de persévérance, vous pouvez accomplir beaucoup de choses, même en Afrique.».Que l’exemple détonnant de Mossadeck Bally vous inspire dans vos actions et dans vos projets. C’est tout ce que je vous souhaite.
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